Noir
Noir du sombre désespoir.
Noir où même le rien ne veut vivre.

Terre.
Terre maigre et desséchée.
Terre sans lumière, oh non, jamais.
Terre si froide, si sombre.
Terre où le soleil ne veut plus, ne peut plus.

Noir.

Mer.
Mer sans nom, mer de glace où les vents ardents,
vivifiants, ont laissés place à ce grand souffle de Mort.
Mer qui éructe ses maigres vaguelettes désolées,
Avide de se ruées sans force sur cette grève
Éventée et sans limites où moi je suis, maigre aussi,
Décharné.
Mort. Infiniment mort. Englué pour toujours sur
Ces rochers douloureux.

Temps, Non-Temps, Noire éternité, Néant.

Mes yeux aveuglés, mes paupières déchirées,
Meurtries d’avoir dû trop longtemps espéré
T’apercevoir.
Desséchées d’avoir cherché plus loin que ce rien.

Noir
Noir désespoir.
Terre
Terre glacée et froide.
Mort
Mort espérance.
Moi
Moi qui ne suis plus moi.
Toi
Toi ma renaissance.

Les ongles arrachés de mes mains ensanglantées
Ne pourront plus jamais démêler tes cheveux.
Mes cuisses, mes bras lacérés à force de ramper
Dans ce désert blafard où nul ne peut être debout,
Pleurent de ne plus enserrer ton corps d’où
Jaillissaient tes odeurs, tes sueurs.
Nourriture de mon âme.

Les douleurs sont ailleurs.

Dans ce vide absolu d’où je ne pourrai plus surgir,
Hagard, les yeux blancs, mon cerveau torturé,
Liquéfié, coulant par tous mes orifices,
je n’existe que d’une seule pensée.

La caresse de ton souffle.
Ma vie enfin.
Toi
Toi
Toi