J’allume …
De la violence, je passe au rêve, mon rêve.
Wan m’as ramené à la maison.
On est sur le pas de la porte.
Dehors, il fait chaud.
Je grille une cigarette et on discute un bout.
Ce soir, Wan me raconte des histoires et son histoire.
Ça se passait du temps où les Américains faisaient la guerre aux vietnamiens.
Pendant qu’ils y étaient, ils ont largué en passant
Quelques milliers de bombes sur le Cambodge.
Et Paf !!
En plein sur la maison de Wan, à la campagne, bien au chaud.
Sur la famille, les frères, les sœurs, les parents.
Seize en tout ! Une grande famille !
Maintenant, plus rien.
Quatorze frères et sœurs cramés.
Plus de papa, une maman qui pleure et son cerveau qui craque.
Putain. Putain d’Amérique, d’idéal politique.
Putain de société détériorée, gâchée, foutue.
Je crie, je crie, j’écris.
J’écris ces mots pour oublier ses mots.
Alors j’allume …
De la violence, je passe au rêve, mon rêve.

De la verdure, des arbres, des lunes et des soleils.
Quelques parts sur une planète au loin, très loin.
Et qu’on me foute la paix.
Qu’on m’oublie !
Alors je refais mon monde, simple, dénudé, sans possessions, sans carcan.
Et ainsi, je pourrais aller tous les soirs m’assoir au coin de la table.
Chez Wan.
Et il me racontera des histoires. De belles histoires.